Autant vous prévenir tout de suite, on va parler PLANTES VERTES les enfants. Posons d’abord le décor. « Mac & Devin Go To High School » est avant tout un film dans lequel Snoop Dogg et Wiz Khalifa tiennent les rôles principaux. Sorte de « How High » version 2011, le film raconte l’histoire de deux fumeurs de beuh au lycée. Mais nous avons là tout un symbole : Snoop Dogg, 40 ans cette année, fumeur de weed avant même de savoir marcher, OG du rap game depuis 1991, donne la réplique à son mini lui from straight outta Pittsbugh, j’ai nommé Wiz Khalifa. Car malgré les 15 ans qui séparent nos deux hurluberlus, ils se sont trouvé un point commun encore plus universel que la musique : la Marie Jeanne. D’ailleurs on ne s’y trompera pas : sa dégaine de coton tige mal peigné, le flow laid back qu’il utilise parfois et son attrait pour les substances illicites ont suffit pour que le public voit en Wiz Khalifa le nouveau Snoop. Leur alchimie sur grand écran étant un peu inattendue, celle sur CD était, elle, bien plus évidente. D’ailleurs, nous avions eu le droit à une première collaboration l’année dernière sur le dernier projet en date du chien de Long Beach « Doggumentary ». Le titre ? Je te le donne en mille : « This Weed Is Mine ». Snoop et Wiz ont donc poussé la collabroration au delà du cinéma, en assurant eux même la bande originale du film. Ici pas de prises de tête, on est là pour s’amuser. On s’orientera donc plus vers des sujets tels que l’OG Kush, la Purple Kush, l’Amnesia ou encore la Chronic de notre bon vieux Doc, nos deux compères étant un peu les Thierry Roland et Jean-Michel Larqué de la fumette. Note importante, un matériel adéquate est évidemment nécessaire à l’écoute de ce projet. Feuilles ? ok. Tabac ? ok. Weed ? ok. On y est. Tu sembles fin prêt pour cette session puff puff pass music.
« Smokin’ On » feat Juicy J. (prod by Drumma Boy)
L’ambiance est posée : l’intro du morceau propose un dialogue entre Wiz et Snoop totalement high, sur un fond sonore futuriste, avec les voix qui résonnent en écho. Quand on est lyricalement restreint par le sujet, on essaye de se rattraper sur la technique. Les deux MC posent de manière rapide, variant parfois le flow, plaçant même quelques allitérations « T.G.O.D., he's the O.G., real G shit what it has to be ». Pour les accompagner, on retrouve la moitié des Three 6 Mafia, Juicy J. Drumma Boy lâche une prod simple, entrainante sur le refrain.
« I Get Lifted » feat. LaToiya Williams (prod by Warren G)
A la prod se trouve un des monuments de la West Coast, Warren G, avec qui Snoop et Nate Dogg (RIP) formaient le groupe 213. Une prod posée, aux accents groove, sur laquelle LaToiya Williams nous chante que « Smokin on this weed, this is all I need ». C’est le genre de tracks où Snoop excelle car elle correspond parfaitement à son style de flow de prédilection.
« You Can Put It In A Zag, Imma Put It In A Blunt » (prod by Exile)
Ce morceau repose essentiellement sur un échange entre Snoop et Wiz tout le long de la piste. Une track efficace, notamment du à la prod de Exile (le beatmaker du groupe Emanon qu’il forme avec Aloe Blacc) qui nous envoie directement sur une nuage (de fumée s’il vous plait) avec son synthé retro-futuriste. Une track sur laquelle les deux MC livrent une bonne prestation, avec une légère préférence pour Wiz qui change de flow sur chacune de ses interventions.
« 6:30 » (prod by Nottz)
Un morceau un tantinet plus pop/rock ici, sur lequel Wiz se permet même de pousser la chansonnette sur le refrain. Cette prod de Nottz reste dans le même esprit que les précédentes, un synthé qui semble venue d’ailleurs, comme étouffé. Le rappeur de Pittsburgh lâche une bonne performance sans forcer pour autant. Quant à Snoop D.O. double G., il opte pour un flow hors tempo un peu particulier.
« Talent Show » (prod by Jesse « Corporal » Wilson)
Ce morceau aux sonorités R&B à l’ancienne est plutôt agréable à écouter. Le hic, c’est que Wiz a cru bon de s’occuper encore une fois du refrain. Pour un morceau comme ça, une femme à la voix soulful aurait été parfaite. Pour ce qui est de la performance sur les couplets, les deux rappeurs restent assez classique.
« Let’s Go Study » (prod by Jake One)
Ne vous fiez pas au titre, puisqu’il s’agit d’aller étudier avec une fille… Some real homework you dig ?
La encore, le son est posé. L’excellent et underrated Jake One nous place une ambiance dont seul Snoop sait comment en tirer profit une fois le mic branché. Une fois n’est pas coutume, le boss du Taylor Gang chante en fin de morceau, ce qui est fortement agaçant à la longue.
« Young, Wild & Free » feat. Bruno Mars (prod by The Smeezingtons)
C’est le premier single de cette OST et autant dire le meilleur morceau. Bruno Mars sur le refrain, c’est forcement son groupe de beatmaker qui s’occupe de la prod. Celle ci est terriblement efficace : quelques accords de piano simplistes et le tour est joué. Ajoutez à cela le refrain qui sonne comme un hymne pour les jeunes dévergondés que nous sommes, et on tient là un morceau qui donne le smile, peu importe la situation. Wiz et Snoop sont parfaits sur le morceau, performant peut être leurs meilleurs couplets.
« OG » feat Curren$y (prod by I.D. Labs)
On retrouve la un combo qui avait déjà très bien marché sur le dernier LP du rappeur de Pittsburgh, à savoir lui même, Curren$y (autre amateur de jardinage) et le beatmaker I.D. Labs sur le morceau « Rooftops ». Cette track « OG » (comprennez ici non pas « Obstetrics and Gynaecology» mais bien « Old Green » ou « Original Gangsta » selon le contexte) sonne un peu le son south du milieu des 90s. Khalifa chante le refrain (moins désagréable que d’habitude) tandis que Snoop livre une prestation convaincante.
« French Inhale » feat Mike Posner (prod by Jake One)
On retrouve une nouvelle fois Jake One à la prod, qui a composé pour le coup un son plus smooth. La bonne idée sur ce morceau est d’avoir fait venir un VRAI chanteur pour poser sur le refrain. Et le ressenti s’en ressent, Mike Posner a su s’imprégner de l’ambiance du morceau. Sur cette track, le rappeur Californien maitrise totalement son sujet, plus que son homologue de Pensylvanie. Concernant le titre, « french inhale » n’a rien à voir avec la France. Il s’agit simplement de relacher la fumer par la bouche pour l’inhaler tout de suite par le nez. Un très bon morceau.
« It Could Be Easy » (prod by 1500 or Nothin’)
On change d’ambiance, avec quelque chose de légèrement plus rythmé. Le groupe 1500 or Nothin’ (dont fait parti Mars, très présent sur le « R.E.D. Album » de Game) se charge de celui ci. Sans pour autant être un excellent morceau, « It Could Be Easy » est entrainant et se laisse écouter sans problème.
« World Class » (prod by Cardo)
On retourne dans une ambiance plus high. Wiz Khalifa chante un refrain bien maitrisé, tandis que Snoop chante une partie de son couplet (moins bien maitrisé). La partie rap des deux MC reste classique, pas de prises de risques. Un bon morceau.
« That Good » (prod by Cardo)
Dernière track de l’album, pour un univers toujours aussi enfumé. L’instru est plutôt réussi, fourmillant de petits détails. Le couplet de Wiz est très bon, moins que son refrain qui aurait mérité l’intervention d’une voix à la Nate Dogg.
Reconnaissons le, malgré que se ne soit pas LE projet de l’année, l’écoute fut agréable. L’ensemble est cohérent, très homogène. Les deux rappeurs se révèlent, comme prévu, être très complémentaires. Bien évidemment, lyricalement, on ne titille pas l’égo de Nas ou Talib Kweli. Mais pouvait-il vraiment en être autrement quand le sujet que l’on s’impose est la drogue douce ? Les MC connaissent leur sujet et n’en sont pas à leur premier essaie dans le domaine. On regrettera cependant les featuring : il aurait été intéressant de faire venir de vrai chanteur pour les refrains (comme Common l’avait fait pour « The Dreamer, The Believer ») et une collaboration avec Method Man & Redman aurait été beaucoup plus parlante que celle avec Juicy J. Mais finalement, ce ne sont que des détails. L’objectif était de faire un album cool, sans prise de tête pour passer de bonne soirées enfumées. C’est donc mission accomplie pour Snoop Dogg et Wiz Khalifa, qui livre sans forcer un album correct.
Note : 13/20
P.S. : Je livre ici mon impression sur l’album, je parle en tant que fan de rap et non en tant que journaliste spé hip-hop. Je ne prétends en aucun cas établir des vérités ! Les critiques sont les bienvenues ;)
