« The Dreamer, The Believer » fait parti de ces albums attendu par les  auditeurs de rap mais qui n’ont pas bénéficié d’une grande promo. En  effet, les trois singles que sont « Ghetto Dreams », « Blue Sky » et «  Sweat » n’ont pas eu un grand succès, malgré la qualité indéniable des  morceaux. Et pourtant, le succès critique sera au rendez-vous. Car  Common est de ces rappeurs là. Il n’a pas l’aura mondiale de Jay-Z, le  charisme de Kanye, la folie d’Eminem, ou le succès de Lil Wayne, mais  Common est présent dans le game depuis 20 ans et chacune de ses sorties  est un évènement pour les amateurs de real hip-hop. Pourquoi ? Tout  simplement parce que le Chicagoan est un ancien qui fait du rap un  métier et non un business, et que le monsieur possède les qualités  principales du MC : il a un flow  qui casse tout sur son passage et  c’est un lyriciste hors pair, de ce qui se fait le mieux de nos jours.  Cet album n’est donc pas à mettre entre toutes les mains. Fans de Wiz  Khalifa, Soulja Boy, ou même Rick Ross, passez votre chemin : pas de  gros banger à la Lex Luger pour écouter en voiture, pas de featuring à  la pelle façon DJ Khaled, pas de gimmick accrocheur à la Lil Wayne, pas  de rap à la sauce R’n’B façon Drake. « The Dreamer, The Believer »,  c’est un voyage dans la version contemporaine d’un hip-hop old school  revisité par Common et son beatmaker de toujours, No I.D. Sit back.  Close your eye. Press Play. You are ready. Enjoy =)
 
 
 « The Dreamer » feat Maya Angelou
 
 Pour débuter le projet, Common nous livre le morceau “The Dreamer”,  histoire de bien implanter le concept  de l’album. Il expose ici ses  différents rêves et aspirations, tout en y mettant les formes comme sur  les phases « My name is Common, No I.D. » (jeux de mot avec Common =  commun et No I.D. = pas d’identité) ou « « A Legend like John, Lennon,  I’m a dreamer ». Maya Angelou, ecrivain et poète de 83 ans, l’accompagne  sur ce morceau.
 
 
 « Ghetto Dreams » feat Nas
 
 Le  premier single, droppé cet été, est également l’OVNI de l’album. Non pas  parce que le morceau est étrange, mais parce qu’il est à contre courant  de tout le reste. A commencer par la présence de Nas, seul rappeur en  featuring. Mais le choix du MC du Queens, NY, n’est pas anodin puisqu’il  annonce l’album commun des deux rappeurs « Nas.com » prévu pour 2012.  Vient ensuite la prod. On croirait entendre DJ Premier, mais c’est bel  et bien No I.D. qui, sortant des sentiers battus, lâche une prod venu  tout droit du milieu des 90’s. Le thème reste cependant fidèle à la  ligne directrice de l’album, comme en atteste le titre du morceau.  Forcement, quand on associe deux des meilleurs lyricistes du game, on  s’attend à du lourd. Vous ne serez pas déçu : punchlines, jeux de mots,  procédés littéraire. Le tout mélangé à l’énorme prod, nous avons là tous  les ingrédients qui font du hip-hop plus qu’une discipline mais bien un  art.
 
 
 « Blue Sky »
 
 Deuxième single de l’album,  ce morceau est pour moi l’un des meilleurs. On reste dans le thème des  aspirations, sur un sample de « Mr. Blue Sky » (oui, No I.D. a samplé ce  qui sert chez nous de pub pour SFR ). Là encore, Common est en forme.  C’est bien simple, on pourrait quoter tout le morceau tant les lyrics  sont de qualités. Morceaux choisis : “Aston Martin King, Luther with  dreams” “Daylight beams, night life schemes. This is my inception: I’m  writtin’ my dreams”
 
 
 « Sweet »
 
 Le 3e single de  l’album est surement le morceau le plus technique de l’album :  métaphores, comparaisons et jeux de mots sont de la partie. Ce morceau  fait également plus dans l’égotrip, comme en atteste les premiers et  derniers mots du premier couplet : « How can I say this ? Fuck it, I’m  the greatest! Im the A list for all the great debaters »  « My name synonymous to prominence, I’m to hip-hop what  Obama is to politic ». Common rappe ici avec plus d'agressivité qu'à l'accoutumé.
 
 
 « Gold »
 
 Sur ce morceau  là, Common prend du recul quant à la célébrité, sur une instru soulful  aux sonorités qui me font rappeler Kanye West, autre beatmaker ayant  beaucoup travaillé avec le rappeur, mélangeant violon et piano.
 
 
 « Lovin’ I Lost »
 
 Sur un sample de « I Love and I Lost » de Curtis Mayfield, Common se  souvient  de la relation qu’il avait avec une de ses ex (Erykah Badu ?  Serena Williams ?). Visiblement, il ne l’a  pas oublié et semble avoir  encore des sentiments pour elle  « Hard for me to stay away and stay in  touch, girl my heart is broke and I need a crutch »
 
 
 « Raw (How You Like It ) »
 
 Sur ce morceau, on sent une influence reggae assez inhabituelle chez No I.D. Le MC y parle de son attrait envers une fille. Le morceau, sans être mauvais, est celui qui me déplait le plus.
 
 
 « Cloth »
 
 Cette prod m’a immédiatement fait penser à l’ambiance que l’on peut  retrouver sur le dernier album des Roots, « Undun ». Comme sur les deux  morceaux précédents, Common évoque la gente féminine et sa relation avec  une fille avec qui il était.
 
 
 « Celebrate »
 
 On a  ici une des meilleures track de l’album, totalement dans l’univers des  artistes du label G.O.O.D. Music de Kanye (dont font parti Common et No  I.D.), avec piano et sample en fond.  Le 4e single de l’album parle de  succès et de faire la fête avec ses potes et of course… des bitches !
 
 
 « Windows »
 
 Ce titre repose sur la phrase de Shakespeare « The eyes are the window  to your soul ». Le morceau parle donc de la beauté intérieure et  extérieure d’une femme du ghetto.
 
 
 « The Believer » feat John Legend
 
 La seconde partie du titre de l’album de Common, « The Believer ».  John Legend au refrain, sa voix magnifique rend le titre encore plus  puissant. Le thème est l’aspiration au succès, le désire de devenir une  référence dans sa culture. Un très bon morceau, sur une prod up tempo.
 
 
 « Pop Beliefs »
 
 Ce titre est un morceau de spoken words, un mélange entre le slam et  la poésie, dont l’artiste le plus connu fut Gil Scott-Heron (mort au moi  de mai dernier). Vous remarquerez que Common n’apparait pas sur le  morceau puisque ce n’est d’autre que Lonnie Lynn, basketteur dans les  années 70 qui jouait entre autre pour les Hawks et père de Common, qui  interprète ce morceau. Après sa carrière de basketteur, Lonnie « Pops »  Lynn s’est reconvertie vers une carrière dans le monde du hip-hop.  Ainsi, il a coécrit l’ensemble de l’album « The Dreamer, The Believer ».  Comme le nom du morceau l'indique, Pops livre là ses croyances et  espérances quant au futur.
 
 
 Vous pouvez rouvrir vos yeux.  Oui, déjà. Déjà, car un album de cette qualité, en ces temps moroses que  traverse le rap, c’est un rayon de soleil en pleine nuit. On ne peut  donc que regretter sa courte durée. Comme prévu, Common livre ici un  opus travaillé et abouti. Quoi de mieux qu’un album où le MC ne  travaille qu’avec un seul beatmaker ?? La complicité entre Common et No  I.D. fait de cet album une des références du rappeur de Chi-Town. La  cohérence incroyable qui se dégage au fil des tracks nous donne  réellement l’impression de voyager. Un voyage en douze étapes, qui se  ressemblent mais qui ont chacune leur personnalité, leurs  caractéristiques, et qu’on apprécie différemment. Hormis quelques  titres, ce n’est pas un des albums où vous écouterez un morceau  particulier en boucle. Cet album s’écoute en entier, du début à la fin,  pour réellement en ressentir toutes les émotions, à la manière de «  Undun », l’album des Roots sorti au début du mois. « The Dreamer, The  Believer » est déjà un des classiques de 2011. Vous voulez du hip-hop ?  Servez-vous mais consommez-le avec modération, pour faire durer le  plaisir. Vous verrez que dans quelques années, il sera toujours dans vos  oreilles.
 
 P.S. : Je livre ici mon impression sur l’album, je  parle en tant que fan de rap et non en tant que journaliste spé hip-hop.  Je ne prétends en aucun cas établir des vérités ! Les critiques sont  les bienvenues ;)